La vie vue d’en haut, selon Paul Michael

Voici Paul Michael. Après avoir vécu en Australie pendant plusieurs années, ce talentueux photographe de Rotorua, en Nouvelle-Zélande, a posé ses valises à Heidelberg, en Allemagne, il y a quatre ans. Avec son appareil photo comme avec son drone, son travail apporte une nouvelle perspective sur la vie vue d’en haut. Nous avons eu le plaisir de discuter avec lui, d’en apprendre plus sur son processus créatif et d’écouter ses nombreuses aventures !

Comment vous présenteriez-vous en quelques mots ? 

Je pense que les gens m’imaginent souvent comme une personne décontractée, mais je crois qu’il y a un côté de moi qu’ils ne connaissent pas. En réalité, je suis beaucoup plus sérieux et ambitieux que j’en ai l’air. J’ai tendance à le cacher en essayant d’être drôle. Il y a beaucoup de choses que je veux accomplir dans la vie et je suis très sérieux en ce qui concerne la photographie. Je veux toujours m’améliorer et apprendre de nouvelles choses. Pour l’instant, je ne travaille qu’à temps partiel en tant que photographe, en raison de mon visa ici en Allemagne. Mais je veux le faire à temps plein, et j’espère y arriver bientôt. Pour l’instant, je passe l’autre moitié de mon temps à travailler dans un café. J’apprécie les interactions sociales que cela implique, mais, à choisir, je préférerais passer 100 % de mon temps à faire de la photographie. 

Quel est votre parcours professionnel et qu’est-ce qui a motivé votre installation en Allemagne ?

J’ai vécu en Australie pendant sept ans avant de m’installer en Allemagne. Je ne faisais que voyager et travailler, vivant dans l’outback et sur les plages. À un moment donné, j’ai ressenti le besoin de faire quelque chose de différent. C’est comme ça que j’ai fini par venir en Europe avec mon vélo, pour aller de l’Atlantique à la mer Noire. Une fois en Allemagne, j’ai rencontré une fille qui y étudiait, et nous sommes restés en contact pendant le reste de mon voyage. Je suis revenu lui rendre visite avant de rentrer en Australie. Elle s’était engagée à poursuivre ses études en Allemagne et j’avais encore toutes mes affaires en Australie. Mais je n’y avais aucune attache réelle, alors je me suis dit que j’allais déménager en Allemagne et apprendre une nouvelle langue. Je ne m’attendais pas à rester ici pendant quatre ans !

Comment avez-vous commencé à faire de la photographie professionnelle ?

C’est assez original, mais lorsque j’étais en Australie, j’ai fini par travailler comme serveur dans une ville appelée Broome, dans le nord-ouest de l’Australie, à des kilomètres de tout. Un de mes amis dirigeait une entreprise de promenades touristiques en chameau sur la plage et il avait besoin d’un photographe pour prendre des photos. Broome est célèbre pour ses promenades à dos de chameau au coucher du soleil. Il savait que je m’intéressais à la photographie et était convaincu que je pouvais le faire. Je me suis donc lancé et six jours par semaine pendant trois ans, je courais le long de la plage et je prenais des photos de chameaux !  

 

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J’ai beaucoup appris de cette expérience. Je courais avec l’appareil photo tous les jours et je changeais les réglages spontanément. J’ai appris à utiliser mon appareil de manière instinctive, à gérer la lumière, à choisir les bons réglages et à travailler avec des chameaux, ce qui est loin d’être facile. J’étais aussi sous pression ! Avant chaque tour, je devais faire un petit discours pour expliquer aux touristes ce que je leur proposais et ils s’engageaient en quelques sortes à acheter les photos. Je devais photographier les gens et me précipiter vers le camion où nous avions installé une petite imprimante, sortir quelques photos et les montrer, avec l’espoir qu’elles soient assez bonnes pour être achetées. 

Quelle est la chose qui vous manque le plus en Nouvelle-Zélande ?

Ma famille. Toute ma famille proche vit là-bas. Mais en dehors de cela, l’océan et les grands espaces me manquent. La région d’Allemagne où je vis est loin de tout cela ! J’aime le fait que la Nouvelle-Zélande ait des plages, des forêts et que l’on puisse y être tout seul. De plus, il n’y a pas d’autoroutes en Nouvelle-Zélande. On peut simplement conduire sur les routes ouvertes, longer la côte, traverser la forêt…Ce sentiment de liberté me manque. L’année dernière, je suis retourné en Nouvelle-Zélande pendant trois mois avec un appareil photo. C’est la plus longue période que j’ai passé là-bas au cours des dix dernières années et j’étais obsédé par les paysages. C’est comme si j’avais besoin de partir pour mieux apprécier la beauté de mon pays.

 

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Qu’est-ce qui vous plaît le plus en Allemagne ?

Ce n’est pas spécifique à l’Allemagne, mais j’aime l’histoire de l’Europe et la possibilité d’aller dans un autre pays si rapidement. Ici, on peut aller à Rome ou à Paris juste pour le week-end ! Culturellement parlant, les gens sont également très différents les uns des autres.

Vous faites un excellent travail pour capturer des paysages d’un point de vue élevé. Comment choisissez-vous les meilleurs endroits ? 

Une chose que j’ai apprise en faisant de la photographie avec un drone, c’est que tout semble cool vu d’en haut. Mais le spectateur peut facilement se perdre dans l’image. Ce que j’essaie de faire, c’est de chercher le sujet de la photo. Qu’il s’agisse d’un point de repère ou d’un bâtiment particulier, je me concentre dessus. Par exemple, à Heidelberg, je photographie souvent le vieux pont. Je m’assure que je prends la photo au bon moment de la journée et avec le bon angle pour qu’il y ait suffisamment de lumière et que les ombres soient belles. Une photo prise par un drone a souvent l’air cool, mais c’est l’attention portée aux détails qui lui donne du contraste. Que je prenne des photos ou des vidéos, avec un drone ou un appareil photo, les images sont plus belles lorsqu’elles racontent une histoire. C’est ce que j’essaie de faire lorsque je me trouve dans un nouvel endroit. J’étais à Majorque il y a quelques semaines, et la cathédrale était un monument incontournable, mais il y avait aussi un plan d’eau à proximité, alors j’ai choisi mon angle avec l’horizon à vue, de manière à montrer le reflet de la cathédrale dans l’eau. Mon objectif était de faire en sorte que les gens ne se perdent pas dans le paysage urbain, mais restent concentrés sur le sujet principal.

 

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Depuis combien de temps travaillez-vous avec un drone ?

Environ 4 ou 5 ans. J’ai acheté mon premier drone lorsque je travaillais en Australie. C’était tout simplement incroyable de pouvoir capturer le sable blanc et la mer d’un bleu à couper le souffle depuis le ciel ! Au début, j’ai eu du mal à passer de ce type de paysage aux photos de ville, mais maintenant j’ai un faible pour les photos de ville. J’aime capturer une architecture folle, comme c’est le cas en Europe. Il y a tellement plus de choses à capturer, c’est un vrai défi. À Broome, il est presque impossible de prendre une mauvaise photo. Vous savez juste qu’il y aura du soleil, donc vous n’avez pas à vous soucier de la lumière. Si vous sortez au coucher du soleil, vous savez que la plage sera magnifique. Avant, je craignais les jours de pluie à Heidelberg, mais maintenant je savoure l’occasion de prendre des photos dans des conditions différentes. Je m’émerveille même des reflets causés par l’eau sur le sol. Je crois que travailler dans des conditions qui ne sont pas toujours fiables force à être plus créatif. C’est notamment ce qui me pousse à utiliser le reflet des flaques d’eau ou une exposition longue.  

Quelles sont vos caméras préférées pour travailler et pourquoi ? 

Le drone DJI Mavic 2 Pro que j’utilise est parfait pour moi, car il est compact mais reste performant. Je travaille avec un appareil photo Canon 5D Mark III depuis quelques années maintenant, car je voulais en avoir un plus petit et faire plus de travail vidéo. J’aime aussi beaucoup le Sony a7 III pour sa gamme : il s’utilise aussi bien pour des portraits, que des paysages ou des vidéos, sans changer d’objectif si souvent que d’ordinaire.

L’œuvre dont vous êtes le plus fier ?

Il y a une vidéo que j’ai postée en tant que Reel, dont je suis assez fier. Elle montre un arc-en-ciel au-dessus de la ville. Et dire que je ne voulais même pas sortir ce jour-là ! Il faisait très mauvais, la lumière était pourrie et je pensais que ce serait une perte de temps. J’ai quand même décidé de régler le drone sur la fonction hyperloop. Soudain, les nuages se sont séparés et un arc-en-ciel est apparu au-dessus de la ville… Et je me suis dit  « JACKPOT ! ». Beaucoup de gens l’ont regardé et partagée ! C’était vraiment cool !

 

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Quelle est la chose la plus folle qui vous soit arrivée pendant une séance photo ?

Il y a eu un moment à Broome, pendant la saison des pluies, où il y avait une tempête sur la plage. Je suis sortie avec mon meilleur ami et nous avons commencé à prendre des photos, mais l’orage a commencé à se déplacer vers nous et les éclairs ont frappé l’eau juste devant nous. J’avais vraiment peur et j’étais prête à partir, mais mon ami trouvait ça génial et voulait qu’on reste. Je ne voulais pas avoir l’air effrayé, alors je suis restée là à contrecœur. Les lumières frappaient de façon répétée tout autour de nous. J’ai pensé : ” Aucun doute, je vais être frappé par la foudre ! “. Je suis quand même content d’avoir immortalisé ce moment incroyable.

 

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Vous travaillez sur différents types de contenus. Pourquoi et comment avez-vous commencé à vous diversifier ?

Eh bien, croyez-le ou non, mais la photographie de chameaux est une activité un peu niche ! Je ne pouvais donc pas me concentrer là dessus pour toujours ! Cependant, grâce à ce travail, j’ai trouvé d’autres opportunités. Tourism Australia a partagé un peu de mon travail sur les réseaux et je me suis dit que je pourrais peut-être faire d’autres missions de ce genre. J’ai été invité à participer à une croisière de 11 jours dans la région de Kimberley pour prendre quelques photos. Je n’ai pas été payé, mais la croisière était gratuite ! C’était une bonne affaire, surtout si l’on considère que je n’avais aucune expérience réelle. La région est incroyable : elle est immense, intacte, avec des forêts tropicales et des cours d’eau fascinants. Cette expérience m’a donné envie de poursuivre sur cette voie et d’essayer d’être payé pour cela. C’est alors que j’ai acheté un drone et que je me suis lancé dans ce type de photographie. Plus tard, lorsque je suis arrivé en Allemagne, je me suis très bien entendu avec mon patron, qui m’a proposé de prendre quelques photos et vidéos pour son nouveau restaurant. À partir de là, les gens m’ont demandé différentes choses. Ils savaient que je faisais de la photographie, et j’étais ouvert à l’idée d’essayer de nouvelles choses. J’ai également fait quelques mariages et portraits.

Si vous aviez un conseil à donner à une personne intéressée par un parcours professionnel similaire, quel serait-il ? 

Je lui dirais tout simplement de sortir et d’utiliser son appareil photo. On ne peut pas tout apprendre en lisant ou en regardant des vidéos sur Youtube… Il vaut mieux être sur le terrain et jouer avec les réglages de son appareil. Faîtes également en sorte de régler votre appareil photo en mode manuel. 

Quelles sont les trois choses que vous espérez accomplir au cours des prochains mois ?

J’aimerais retourner en Nouvelle-Zélande, au moins pour Noël, pour voir ma famille et passer une partie de l’été là-bas. Sur le plan professionnel, j’adorerais décrocher un poste d’ambassadeur de marque pour une marque de caméras ou de drones. Je veux aussi continuer à travailler sur mes portraits et j’envisage sérieusement d’organiser des ateliers en ligne ou en présentiel. Beaucoup de gens viennent me demander si j’enseigne et j’aime apprendre aux gens que je connais les petites choses que je sais. Je trouve cela gratifiant.