La vie colorée de Boyan Ortse

À tout juste 28 ans, Boyan Ortse a réussi à se faire un nom en tant que vidéaste, remportant au passage plusieurs prix. Cet ancien graphiste/aventurier parcourt le monde à la recherche de décors colorés pour les besoins de projets professionnels et personnels. 

Dites-nous en plus sur vous, Boyan. Qui êtes-vous ?

J’ai 28 ans et je suis originaire des Pays-Bas, mais en ce moment, je partage mon temps entre Londres et les Pays-Bas. Je suis vidéaste/cinéaste, mais je prends également des photos et des vidéos par drone. J’ai commencé à utiliser un drone il y a environ sept ans. La plupart des gens me connaissent comme pilote de drone et photographe de drone grâce à ma page Instagram, mais 99 % de mon travail consiste à faire des vidéos. Je fais tout moi-même du début à la fin, de l’écriture de l’intrigue au montage de la vidéo finale.

À l’origine, je suis un designer graphique. J’ai fait beaucoup de design UI et UX, et au bout de quelques années, je suis passé à la réalisation de vidéos. Au début, c’était agréable de se sentir créatif, mais au fil des années, rester dans un bureau 40 heures par semaine est devenu ennuyeux et j’avais besoin de changement.

Comment avez-vous débuté en tant que vidéaste ?

J’ai créé ma propre société, et au début, je me suis concentré sur les projets à l’étranger. Que ce soit pour un festival ou autre chose, je saisissais toutes les occasions de travailler à dans d’autres pays. Toutes les vacances que je pouvais prendre de mon travail, je les passais à travailler sur ma propre entreprise ! Petit à petit, j’ai construit mon image de marque et je me suis principalement spécialisé dans l’hôtellerie et l’évènementiel.

Les gens me demandent souvent comment j’ai commencé, mais la vérité est que j’ai continué à travailler à temps plein pendant un certain temps. Je n’ai choisi de quitter mon ancien emploi qu’une fois que ma propre entreprise était suffisamment importante et stable. En d’autres termes, je n’ai pas eu à franchir d’étape majeure : tout s’est fait naturellement et progressivement.

Quel est votre équipement préféré pour travailler et pourquoi ?

Au fil des années, j’ai testé presque tous les drones du marché. J’ai commencé avec un plus gros drone, mais il n’était pas facile de voyager avec, notamment dans les endroits dont l’accès nécessite de longues heures de randonnée. Mon matériel est donc devenu de plus en plus petit. Je n’utilise à présent que le DJI Mavic 2 Pro. Il est super pratique et possède un capteur Hasselblad, et j’aime les couleurs qui en sortent. Il a un côté cinématographique.

Vous avez une palette très colorée de vidéos et de photos. Comment choisissez-vous les endroits que vous photographiez ?

Il y a trois ou quatre ans, je partais en mission et je filmais ce dont j’avais envie. Je repérais donc souvent les lieux sur Google Maps. C’est ainsi que je me suis retrouvé aux lacs salés roses de Camargue, par exemple, dans le sud de la France. Les choses sont un peu différentes à l’heure actuelle, car j’ai un cahier des charges à respcter pour mes clients. Mais dès que j’ai un peu de temps libre, je photographie mes coups de coeurs ! De manière générale, j’aime que mon travail soit coloré. Je le considère comme un reflet de ma personnalité.

 

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De quoi vous inspirez-vous ?

Je ne m’inspire pas d’une seule et unique chose. En revanche j’ai deux bons amis avec qui je voyage beaucoup et je pense que d’une certaine manière, nous nous inspirons mutuellement. Je crois que ce sont surtout les couleurs qui m’inspirent. À Paris, par exemple, j’adore le terrain de basket coloré de Pigalle, dans le 9ème arrondissement. J’aime voir les artistes incorporer leurs œuvres dans la vie quotidienne.

Quel est l’endroit le plus paisible que vous ayez connu ?

Je pense que c’est l’Australie. Nous sommes allés à Bali pendant deux mois, puis nous avons dû sortir et rentrer pour renouveler nos visas. L’Australie étant très proche, nous avons choisi d’y passer deux semaines. Ça été la plus grosse erreur que j’ai jamais faite…J’aurais dû y aller pendant des mois ! Nous avons fait un road trip de deux semaines et nous avons fait et vu beaucoup de choses. Conduire à travers le pays était paisible et agréable. L’Australie est tout simplement un monde différent ! En plus, c’était la fin de l’été là-bas, donc le temps était formidable. Ce voyage m’a aussi donné un fort sentiment de liberté. Je pouvais faire ce que je voulais et je ne travaillais que pour moi-même.

Les lacs salés étaient sur ma liste d’endroits à immortaliser, alors j’y suis allé et j’ai pris une photo d’un tourbillon géant de différentes couleurs. La photo ressemblait presque à une peinture. C’est le genre de choses que j’aime photographier. Des choses qui intriguent les gens, qui les amènent à se demander ce que c’est, où c’est. C’est aussi une manière de montrer une autre facette du pays. Nous sommes allés à la plage, mais nous avons aussi exploré des endroits uniques que peu de gens connaissent.

 

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Quel est le plus grand défi que pose le métier de vidéaste ?

Lorsqu’il s’agit de travailler pour des clients, il n’est pas toujours simple de trouver l’équilibre entre l’équipement approprié au projet et le budget. Par exemple, j’aime que mon matériel soit facile à transporter et j’ai tendance à privilégier du matériel petit et ergonomique, mais j’ai aussi souvent besoin de grands stabilisateurs, de lumières et d’autres accessoires de ce genre pour travailler dans de bonnes conditions. Faire les bons choix dans ce sens est donc important

Aimez-vous autant prendre des photos que des vidéos ?

J’ai l’impression que la vidéo me permet de raconter une histoire et de construire quelque chose. Avec les photos, c’est très différent. Je sais prendre des photos, mais je dis toujours non lorsqu’on me demande de prendre des photos pour une fête ou un mariage. Premièrement, cela ne me plaît pas vraiment et deuxièmement, je ne me considère pas comme un photographe. J’ai un autre état d’esprit. Par exemple, je peux faire des vidéos de mariage, mais c’est différent parce qu’il est plus naturel pour moi de raconter une histoire de cette manière.

J’ai une approche très différente de la photographie par drone, parce que j’ai tendance à pencher davantage vers une perspective artistique avec cet outil. L’idée est toujours de raconter une histoire, mais les enjeux sont différents. Il ne s’agit pas de capturer un moment réel, avec des gens et des émotions. Globalement, je dirais que je me sens plus créatif en faisant des vidéos que des photos.

Comment pensez-vous que votre travail a influencé votre façon de voir le monde ?

Mon travail a eu un impact sur ma vision des choses à bien des égards. Par exemple, les projets plus importants impliquent souvent plus d’argent. Mais j’essaie aussi de travailler pour des petites entreprises, surtout depuis l’impact du Covid. Je n’ai pas voyagé pendant un an et demi, alors je sais à quel point les choses peuvent être compliquées. Il y a un mois, je suis allée à Aruba, dans la mer des Caraïbes, mais j’avais prévu un autre voyage à Malte qui a été annulé en raison de restrictions. Je sais que les petites entreprises ont des difficultés. C’est pourquoi je sélectionne parfois volontairement des projets à plus petit budget, pour donner plus de visibilité aux petites entreprises. Il ne s’agit pas toujours de tirer le maximum d’argent de son travail. Il faut savoir conserver une éthique de travail et aider les gens.

 

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Est-ce qu’il vous arrive parfois de manquer d’inspiration ?

Les restrictions de voyage m’ont donné pas mal de fil à retordre. Mon récent voyage à Aruba était génial et nous avons fait beaucoup de contenus intéressants. Mais revenir et se voir refuser un autre travail pour des raisons sanitaires a été frustrant. J’avais prévu dix jours à deux semaines pour un projet, et soudain, plus rien. Ces derniers temps, je dirais que je ressens donc plus une forme de frustration qu’un manque d’inspiration. Le Covid a honnêtement eu un impact sur ma motivation. Lorsque vous travaillez et que vous rencontrez d’autres personnes, vous êtes actif et inspiré en permanence. Travailler sans contraintes stimule la créativité.

Quels sont vos projets pour l’année à venir ? À part, bien sûr, continuer à produire des vidéos.

Je travaille actuellement sur une masterclass en ligne. L’objectif est de créer un système de gestion de l’apprentissage en partant de zéro afin d’enseigner aux gens tout ce que je sais sur les drones. Si vous venez d’acheter un drone, je vous apprendrai à quoi correspond chaque bouton et ce que vous pouvez faire avec. Et si vous êtes un peu plus expérimenté, je vous apprendrai à créer certains effets et à aller au-delà des fonctionnalités de base. Comme faire voler votre drone depuis un bateau en mouvement, par exemple.

Une grande partie du cours portera sur la façon de préparer des photos ou des vidéos pour le web. Prenez les médias sociaux : si vous téléchargez un fichier brut sur Instagram ou Facebook, ils le compresseront pour vous, ce qui lui donnera un aspect pas terrible. Beaucoup de gens sont donc curieux de savoir comment prendre de bonnes photos et vidéos avec un drone, tout en préservant leur qualité pour les partager sur leurs réseaux sociaux. J’espère pouvoir lancer ce projet au début de l’année 2022.